Vous n’êtes pas connecté. Certains éléments peuvent ne pas s’afficher correctement.

Notice nécrologique J. Ricour

Notice nécrologique J. Ricour
Lire la version en ligne.       Partagez cette lettre d’information.
Bannière
---
Notice nécrologique - J. Ricour
Lettre envoyée sur inscription à à l'adresse
 
Chers adhérentes et adhérents
 
Nous vous prions de trouver ci-dessous la notice nécrologique d'un de nos collègues, rédigée par J.C. Roux.
 Très cordialement,

P. Lachassagne

 

Jean RICOUR
Précurseur de l’hydrogéologie appliquée


J_Ricour_2012

Jean RICOUR est né à Lille en 1921. Il a suivi ses études secondaires au Lycée Faidherbe de Lille, puis fait une licence de géologie à la Faculté des Sciences de Lille, avec le professeur et doyen Pierre Pruvost.

 

Licencié-es-Sciences, en 1942, il entre dans la vie professionnelle comme préparateur de minéralogie à l’université, puis il gagne Paris  où il occupe, durant quelques mois, un poste d’assistant à l’Institut de Paléontologie Humaine. L’année suivante il intègre le Bureau de Recherches Géologiques et Géophysiques (BRGG). Dès son arrivée, à la faveur d’une étude sur les mines de houille triasiques des Vosges, rouvertes sous l’Occupation, il s’intéresse au Trias de Lorraine, sous la Direction de Louis Guillaume, ingénieur géologue en chef au BRGG.
 
Après la guerre, Jean RICOUR est chargé de mettre en application les dispositions du Code Minier, récemment institué dans les régions alpines où il découvre, à cette occasion, les grands travaux de reconnaissance géologique des barrages d’EDF. En 1952, Géologue en chef au département Géologie, il crée un Département « Documentation », chargé de moderniser la mise en œuvre des dispositions du Code Minier sur l’ensemble du territoire. Les archives des entreprises de sondages, des Charbonnages de France et des Pétroliers sont systématiquement collectées et répertoriées, avec l’attribution d’un indice de classement national. C’est l’origine de la Banque des Données du Sous-Sol, désormais numérisée et informatisée (Infoterre), et toujours très consultée par les hydrogéologues.
 
Par la suite, il poursuit la reconnaissance du bassin houiller de Lons-le-Saunier, en liaison avec les Charbonnages de France. À cette occasion, il contribue, avec les géologues pétroliers de la RAP, à recueillir des résultats géologiques déconcertants, car perturbant fortement les séries « normales » Ils lui permettront en 1953, de diagnostiquer, avec P. Pruvost, une découverte majeure pour la connaissance de la Géologie de la France qu’est le chevauchement du Jura sur la Bresse. Il découvre aussi  les techniques de sondages en carottage continu, ce qui le conduit à créer le « Service sondages » du BRGGM, nouvelle appellation du BRGG qui de Bureau extérieur de la Direction des Mines est devenu Établissement public.
 
En 1955, il est sensibilisé au problème des ressources en eaux souterraines par Antoine Bonte, professeur de Géologie appliquée à l’Université de Lille, qui constate la baisse inquiétante du niveau des nappes de la Craie et des Calcaires Carbonifères dans le bassin minier. Il s’intéresse alors à ce problème et publie, avec Pierre Lafitte, Directeur du BRGM, à l’occasion du Congrès du centenaire de l’Industrie Minérale, un article intitulé « La recherche minière la plus importante en France métropolitaine : l’eau ; Rôle de l’hydrogéologue ». Cette note fit grand bruit auprès des autorités de tutelle au Ministère de l’Industrie mais fut très appréciée par l’ingénieur en chef des Mines chargé de l’Arrondissement minéralogique de Douai, confronté régulièrement aux problèmes de gestion et de répartition des prélèvements d’eau souterraine entre les différents utilisateurs du Bassin minier. Finalement, une Commission nationale de l’eau est créée et le Président du BRGG en fait partie. Jean RICOUR propose alors la création de ce qui allait devenir le premier service géologique régional du BRGM, avec l’appellation initiale « Inventaire des Ressources Hydrauliques du Nord-Pas-de-Calais ».  Trois autres IRH suivront dans des départements à forte exploitation d’eau souterraine (Seine-Maritime, Moselle et Gironde).
 
En 1960, J.Ricour soutient une thèse de Doctorat d’État à la Sorbonne « Contribution à la révision du Trias français », réalisée sous la Direction de Pierre Pruvost.
 
En 1963, il obtient l’accord du Président et du Directeur général du BRGM de créer le réseau des 22 services régionaux qui couvrent l’ensemble de la France et, pour ce faire, il crée le Département des Services Géologiques régionaux et s’entoure de géologues ou d’hydrogéologues expérimentés ayant servi en Algérie, Maroc, Tunisie ou en Afrique occidentale, de géologues et hydrogéologues métropolitains, et recrute de jeunes hydrogéologues sortant des universités. Il associe aussi, comme conseillers, des professeurs d’université aux travaux des SGR.
 
Dans les années qui suivent, animés par une équipe enthousiaste et soudée, les 22 SGR connaissent un extraordinaire développement : croissance des effectifs, construction de bâtiments fonctionnels. Cette période est particulièrement importante car elle permet de constituer une BSS dans chaque région administrative et de développer  la géologie appliquée, et particulièrement l’hydrogéologie, en France. Les SGR s’appuient sur le Département d’hydrogéologie, nouvellement créé par Jean Margat. J.Ricour était aussi un ardent défenseur du Service Public au BRGM.
 
Nommé adjoint au Directeur du Service Géologique National à Orléans en 1967, il lance, avec Claude Guillemin, l’activité Géothermie du BRGM puis crée la Direction des Relations Extérieures qu’il dirige avec efficacité. En 1980, Jean RICOUR est nommé Conseiller du Directeur Général, chargé des Pays méditerranéens.
En 1984 il retrouve une activité opérationnelle qui lui plaisait, avec la Direction de la Division Sud-Est du BRGM à Marseille.
 
En 1985, il prend sa retraite, mais ne cesse pas pour autant ses activités et, jusqu’à 2005,  il est chargé par des collectivités locales ou des stations thermales d’expertiser des projets ou des réalisations dans le domaine de l’aménagement des eaux, et plus particulièrement des eaux minérales, en tant que consultant..
 
Jean RICOUR est l’auteur d’une centaine de publications scientifiques et de nombreux rapports du BRGM concernant des disciplines diverses, notamment l’hydrogéologie. Les dernières, rédigées en collaboration durant sa retraite, concernent la tectonique de la montagne Sainte-Victoire et les structures du massif de Marseille. Il est l’auteur de l’ouvrage « Terroirs et Thermalisme de France ». Il a  participé à la collection « Découvertes géologiques », comportant 10 volumes, dont le dernier, « Découvertes géologiques de la région de Marseille et son massif montagneux », a été achevé pendant sa retraite. et  a collaboré à la réalisation de la carte géologique numérisée de Marseille au 1/50000.
 
Jean RICOUR a été  Président et lauréat de la Société Géologique de France (1974), où il a joué un rôle moteur en vue de la création de la Maison de la Géologie, inaugurée en juin 1977, Président de la Société Géologique du Nord (1961), membre du Conseil Supérieur d’Hygiène de France (section eau; 1967-1986), membre du Haut Comité du Thermalisme et du Climatisme (1983-1986). Il était inscrit sur la liste d’aptitude à l’enseignement supérieur.
 
Jean RICOUR était officier dans l’Ordre National du Mérite (1993). En 1961, il a reçu le « Prix Pruvost » et en 1996 le Comité Français d’Hydrogéologie lui a décerné le premier « Prix Castany ».
 
Ses responsabilités l’ont amené à avoir  des contacts suivis, parfois personnels, avec l’ensemble du monde géologique universitaire en France et à l’étranger, ou de grandes écoles, où il était particulièrement apprécié.
 
Jean Ricour est décédé le 14 octobre 2019 à Leucate.

Toutes celles et tous ceux qui l’ont connu n’oublierons pas son enthousiasme dans tout ce qu’il entreprenait, sa curiosité scientifique permanente, son charisme et sa générosité vis à vis de ses collaborateurs.
Son rôle a été fondamental dans la création de la Banque des Données du Sous Sol et dans le développement de l’Hydrogéologie appliquée sur l’ensemble de la France, où il fut un précurseur.
 
Jean-Claude ROUX
-
---
Tous droits réservés, Comité français d'hydrogéologie
Si vous ne souhaitez plus recevoir nos nouvelles lettres désabonnez vous